Ridicule
Ce film français décrit avec ironie et causticité l’esprit français qui a traversé les époques et sévit encore aujourd’hui.
A l’occasion du 14 juillet, nous avons choisi de présenter "Ridicule", film français de Patrice Leconte, sorti en 1996, qui se situe juste avant la Révolution française.
On peut faire plusieurs lectures de ce film satirique, enlevé et sans complaisance, qui a reçu plusieurs Césars. Il bénéficie d'un excellent casting que ce soit Charles Berling en baron qui se plie aux règles pour parvenir à ses fins, Jean Rochefort en marquis amateur d'esprit sans pour autant parvenir à en faire lui-même, Fanny Ardant en comtesse manipulatrice ou encore Bernard Giraudeau en abbé prétentieux. Les personnages de Patrice Leconte sont des « stakhanovistes de l'esprit » qui jouent avec les mots mais aussi avec le feu pour échapper au ridicule qui un jour les submergera.
C'est l'histoire d'un jeune aristocrate provincial, désargenté et candide qui arrive à la cour de Louis XVI à Versailles. Il se heurte à la lourdeur bureaucratique de l'État français et veut demander au roi des moyens pour assécher les marais de la Dombes. Il participe à cette vie où l'honneur et les mots d'esprit sont le centre d'une effervescence raffinée et décadente, et où la peur du ridicule est terrible. Il dénonce l'absurdité et le ridicule du combat des courtisans.
Nous avons revu ce film avec un regard interculturel, sans nous arrêter à l’aspect outrancier ni à l’analyse sociétale. L’histoire, l’époque, le cadre ne servent que de prétextes pour évoquer l’arrogance du pouvoir dans un pays où la hiérarchie a une place importante et détermine bien des comportements. Le portrait dressé pourrait être celui de la vie politique actuelle, loin des réalités quotidiennes, où chacun peut déchoir de son statut à la suite d’une phrase maladroite et où les courtisans jouent toujours le même rôle. Mais au-delà d'une critique de la société et du pouvoir, c’est l'esprit français qui est décrit ici avec ironie et causticité.
L’auteur met en exergue, certes de manière caricaturale mais non sans humour, l’art de discourir et de démontrer avec talent tout et son contraire, la recherche du trait d’esprit, le plaisir des joutes oratoires et des jeux de mots. Pour Jean Rochefort, "c'est un western dans lequel on a remplacé les colts par des mots d'esprit". Mais avoir de l’esprit est une arme à double tranchant qui peut être fatale. "Il ne suffit pas d'avoir de l'esprit. Il faut en avoir assez pour s'abstenir d'en avoir trop", disait André Maurois. "L'art est de briller en restant à sa place", rappelle la comtesse de Blayac dans le film. Quant au marquis de Bellegarde, il découvre lors de son exil anglais une autre forme d'esprit, l'humour britannique.
Comprendre un pays à travers son humour est une façon d'appréhender certaines subtilités d'une culture.
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