Réussir son expatriation au Qatar
Arriver en tant qu’expatrié dans un pays qu’on ne connait pas n’est jamais chose facile. Julie Boisard-Pétrissans, nous livre ses clés pour réussir son expatriation au Qatar.
Julie Boisard-Pétrissans, juriste de formation, nous livre ses clés pour réussir son expatriation au Qatar dans son dernier livre « Le Qatar DéQrypté : guide du doing business au Qatar ».
Le Qatar au-delà des clichés
Beaucoup arrivent en ayant déjà une idée toute faite sur leur pays d’accueil. Les différents échos entendus des proches y jouent une part importante. Julie Boisard-Pétrissans a elle-même fait face à une certaine incompréhension de la part de son entourage lorsqu’elle a fait part de son choix de s’expatrier au Qatar. C’est un pays éloigné, tant géographiquement que culturellement de la France. Même si la France a été ces dernières années l’une des premières cibles pour les investissements massifs du Qatar (rachat du PSG, investissements dans Lagardère, dans l’immobilier…), ce pays reste finalement peu connu des Français. La place de la femme peut y être questionnée en raison des clichés que certains occidentaux peuvent avoir sur les pays arabo-musulmans. Pourtant, Julie Boisard-Pétrissans a fait l’expérience d’un pays ouvert et accueillant.
Des rencontres locales …
Pour aller au-delà des clichés dont elle était consciente à son arrivée, l’auteure a pris tout de suite contact avec des locaux pour s’imprégner de la réelle culture qatarienne. Même si elle avait développé une sensibilité à la culture arabe, en raison de ses nombreux voyages au Maghreb, Julie Boisard-Pétrissans constate tout de suite de fortes différences entre les pays du Maghreb et les pays du Golfe.
… parfois difficile à susciter !
85% des habitants du Qatar ne sont pas Qatariens. On risque donc de ne rencontrer que des étrangers sur le sol qatarien. Si les Qatariens sont peu nombreux, ils restent aisément identifiables car vêtus de l’habit traditionnel (le thobe pour les hommes et l’abaya pour les femmes). Habitués à accueillir des étrangers, les Qatariens sont des personnes chaleureuses, mais aussi secrètes, protectrices de leur vie privée. Les Qatariens sont également attentionnés et respectueux.
Des spécificités fortes
Alors que par exemple au Maroc la conversation s’oriente vite vers la famille, on ne parle guère de vie privée au Qatar. Il faut bien sûr demander à son interlocuteur comment il se porte, mais cela s’arrête là. Créer une amitié prend du temps. Les Qatariens ne se dévoilent pas facilement. Dans les relations d’affaires, les échanges sont moins formels qu’en Europe. Au Qatar, on envoie peu de mails car ils ne sont pas systématiquement lus. WhatsApp et le téléphone rythment les échanges professionnels ! L’auteure s’est amusée à découvrir que même avec des hauts représentants, on peut facilement échanger par WhatsApp. Cela est sans doute lié à une certaine façon de conduire les affaires, héritée de traditions bédouines. Le contact et l’échange interpersonnel demeurent essentiels et le formalisme occidental – en particulier les mails - a du mal à s’imposer.
Doing business au Qatar
Comment se comporter dans le cadre professionnel ? Pour réussir au Qatar, il faut adopter certaines règles et respecter des codes. Une erreur à ne pas commettre est d’arriver en terrain conquis. Il faut rester humble, modeste et prêt à apprendre. Mais aussi être sûr de ce que l’on peut apporter de nouveau. Il ne faut pas dupliquer ce que l’on faisait dans son pays d’origine et l’appliquer au Qatar.
La confiance accordée est à la base des relations professionnelles. Au Qatar, et plus largement dans le monde arabo-musulman, les relations tant personnelles que d’affaires sont basées sur la confiance. On veut vous connaître avant de vous accorder sa confiance. Il ne faut ainsi jamais rompre une promesse, aussi petite soit-elle. Si vous ne tenez pas vos promesses, si vous décevez, on ne vous le dira peut-être pas directement, mais vous n’aurez plus de nouvelles. Cela restera poli car les Qatariens n’aiment pas le conflit. Tout va rester feutré, mais la confiance et la relation seront rompues.
Les Qatariens ne disent que très rarement « non » et montrent peu leurs émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Il est important de ne jamais faire perdre la face à un Qatarien au risque de le déshonorer lui et sa famille. Les Qatariens sont de nature prudente. Les conflits sont à gérer de façon subtile, en préférant dire, par exemple : « ne penses-tu pas que ? », plutôt que : « je ne suis pas d’accord ».
L’identité qatarienne
Même s’il y a beaucoup d’étrangers, il y a une réelle identité qatarienne. Il faut aller au-delà du cliché d’un Qatar récent et sans histoire, petit comme l’Ile-de-France mais extrêmement riche, premier exportateur de gaz naturel liquéfié de la planète. Il y a une langue, une histoire, une religion, une culture (y compris culinaire !) et une identité qatarienne forte. Les particularismes locaux sont marqués. Au Qatar, dans une même journée, on navigue entre conservatisme et modernité. La hiérarchie sociale peut encore y être présente avec, au sommet de la pyramide, les Qatariens, puis les Occidentaux, ensuite les citoyens d’autres pays arabes (Egyptiens, Libanais …) et enfin les « workers » (ouvriers et employés de maison). C’est une situation à laquelle les Occidentaux sont peu habitués. Toutefois, tous les étrangers peuvent partir librement du Qatar et n’ont plus besoin d’un exit permit. Il y a aussi un salaire minimum, ainsi qu’une couverture sociale gratuite. Le Qatar est l’un des seuls pays du Golfe à avoir une législation aussi protectrice et libérale.
Comment bien préparer son expatriation au Qatar ? Le plus important est de prendre conscience de ses préjugés et de s’ouvrir à la culture et aux spécificités qatariennes. Il est essentiel de parler avec des gens sur le terrain ou qui y ont vécu, d’essayer de lire, de provoquer des rencontres authentiques. Le Qatar doit être compris dans son ensemble avant que l’expatrié n’adapte son comportement.