L'art de communiquer avec les Brésiliens
Pour mobiliser vos équipes brésiliennes et vous faire accepter en tant que "chef", il faudra que vous appreniez à vous imposer en respectant certains codes culturels incontournables.
Mobiliser les équipes
Les Brésiliens ont une faculté naturelle à transmettre de l’énergie positive autour d’un projet commun. Portés par leur volontarisme et leur optimisme inné, ils sauront voir grand et mobiliser leur équipe pour l'amener à se surpasser. Un Brésilien motivé engagera toute sa force et toute son émotion dans un projet, en y laissant parfois un peu de rigueur... Cependant, bien canalisée, cette énergie donnera à l'entreprise le souffle nécessaire pour surmonter les crises et initier de nouveaux projets, même dans un contexte difficile.
Il est donc primordial, pour un manager, de savoir « mettre les formes » pour nourrir et préserver ce volontarisme en toute situation.
La mobilisation et la cohésion des équipes dépendront donc de la qualité de l'ambiance de travail émanant du manager, dont l’intérêt sera toujours d’encourager plutôt que de dénoncer ou contraindre.
Apprendre à s'imposer
La structure patriarcale, encore très ancrée dans la société brésilienne, entretient l'existence d'une hiérarchie verticale dans de nombreuses
organisations publiques et privées. Mais cette hiérarchie, où le chef ultime et respecté est seul décideur, n'empêche pas le développement de relations simples et informelles entre les collaborateurs des différents niveaux de la pyramide. Le chef brésilien est, le plus souvent, proche de ses équipes ; il intervient aussi bien dans la sphère professionnelle que personnelle, et sait faire preuve d’empathie et d’affection. Il sait écouter et communiquer avec patience en toutes circonstances et n'hésite pas à appeler ses collaborateurs par leur prénom.
Il a cette capacité fondamentale de « souplesse » et de « relativité » dans les relations et situations professionnelles, ce qui l'aide à canaliser l’émotion et la motivation des équipes lors de réunions internes. Cette faculté du « bon chef » est appelée en portugais ter jogo de cintura (« avoir du jeu de hanche »).
Tel est l'art du chef brésilien de s'imposer sans s'opposer en recherchant toujours, avec le tact nécessaire, le consensus collectif.
Garantir le succès du projet à long terme
Le succès d'un projet avec une équipe brésilienne ne pourra être garanti sur le long terme qu'au prix de contacts multiples et diversifiés (réunions spontanées, conférences téléphoniques à distance, etc.). Plus ces échanges seront nombreux et fréquents, meilleurs seront l'investissement de chacun et donc l'avancée du projet. Il est aussi conseillé de privilégier le travail collaboratif avec un management par consensus, la mobilisation et la cohésion des équipes restant la clé du succès.
Ainsi, le temps investi dans les relations humaines et la communication rendra l'ambiance de travail propice à la productivité et donc à la gestion des délais.
Pièges à éviter et recommandations
Dans la manière de communiquer :
- Privilégier une culture de l’oral plus que de l’écrit : Il faut éviter de communiquer uniquement par mail… surtout lorsque la relation se fait à distance. Investir dans les rapports humains et favoriser les rencontres physiques éviteront de nombreuses incompréhensions et tensions dans les rapports.
- Ne pas mal réagir aux abraços : Si cela devait se produire, ne soyez pas surpris, cela ne fera que renforcer vos relations avec vos collaborateurs.
- Privilégier les rendez-vous en tête-à-tête : pour vous aider à tisser plus rapidement des liens de confiance et accélérer certaines prises de décisions. Exclure de son agenda ce type de rendez-vous pourrait être un handicap.
- Ne pas rentrer immédiatement dans le vif du sujet : Même dans les situations les plus tendues, même si vous êtes pressés, forcez-vous à laisser un peu de place à l’informel.
- Savoir faire preuve de souplesse en toute circonstance et évitez de vous opposer frontalement, ce qui au final serait contre-productif. Dans votre manière de communiquer, vous devez chercher à développer flexibilité et souplesse.
- La logique n’a pas toujours cours au Brésil. Tenez en compte et ne soyez pas surpris. Cela est en partie dû au profil culturel du Brésilien qui est extraverti, sensible, susceptible, n’aime pas trop le formalisme et préfère recourir au jeitinho.
Dans la manière de travailler :
- Faire bonne impression est crucial, et négliger cet aspect pourrait très rapidement se retourner contre vous.
- Établir des contacts et se faire accepter dès le premier contact. Il est facile de faire un faux pas dès le premier jour au Brésil, et cela est souvent dû à notre manière d’agir. Même si cela peut sembler difficile pour certains, il est important d’aller vers l’autre, et d’éviter de s’enfermer, de s’isoler. Le Brésilien est, de nature, très accueillant, alors profitez-en !
- Déléguer « et » superviser, avec tact et intelligence pour ne pas paraître trop intrusif, pour ne pas brider la motivation et le volontarisme. Pour cela, il faut à tout prix privilégier le dialogue, ne pas s’isoler et être disponible et à l’écoute.
- Maintenir le contact avec ses équipes : si possible tisser une relation personnelle et plus informelle, mais sans aller trop loin. Le contact physique est important, il faut le privilégier, surtout lorsque vous souhaitez des réponses urgentes ou mobiliser une équipe.
- Se mettre à l'heure brésilienne
- Garder un esprit ouvert et tolérant : pas de colère, mais sourire ! le Brésilien n’aime pas les mauvaises nouvelles et évite la tension et le stress dans le travail ; évitez donc d’instaurer une ambiance de travail sous pression.
Cet article a été publié dans la revue ACCOMEX n'110-111